L'industriel algérien Issad Rebrab a dénoncé mardi un "coup de force" des autorités contre la presse indépendante du pouvoir politique, après la décision du gouvernement de saisir la justice pour faire annuler l'achat d'un groupe de presse par cette première fortune du pays.AFP
"On ne veut pas de presse ayant une ligne indépendante du pouvoir", a estimé M. Rebrab dans une déclaration à l'AFP. La procédure introduite en justice "est une décision politique, un coup de force contre la presse indépendante", a-t-il martelé.
Le tribunal de Birmandreïs, saisi en référé par le ministère de la Communication, devait au départ examiner le dossier lundi. L'audience a été finalement reportée à mercredi.
"Nous avons scrupuleusement respecté la loi", a affirmé l'homme d'affaires. "Soit il y a une justice et elle s'appliquera. Soit il y a un déni de justice c'est à ce moment-là le fait du prince et ils feront ce qu'ils voudront", a-t-il remarqué.
Il a appelé la presse "nationale et internationale" qui célébré la journée mondiale de la liberté de la presse à "se mobiliser contre le fait du prince et contre l'injustice".
Le groupe El Khabar racheté pour une très large part par une filiale du groupe Cévital de M. Rebrab et dont la direction est connue pour être opposée au président Abdelaziz Bouteflika, comprend l'un des principaux quotidiens algériens (du même nom), la chaîne de télévision KBC, une imprimerie et une société de diffusion.
Le gouvernement s'est appuyé sur un article du code de l'information pour engager son action. "Une même personne morale de droit algérien ne peut posséder, contrôler ou diriger qu'une seule publication périodique d'information générale de même périodicité éditée en Algérie", stipule l'article 25 de ce code.
Or, M. Rebrab, patron du groupe Cevital, est déjà propriétaire à plus de 99% du quotidien francophone Liberté.
"Liberté a été créé avant Cevial et appartient à l'entreprise SAEC dont je suis personnellement le principal actionnaire et c'est Ness-Prod (filiale de Cevital) qui a racheté El Khabar", a expliqué M. Rebrab.
Il conteste aussi les dispositions d'un autre article qui lui est opposé et stipulant que "dans le cas de vente ou de cession de la publication périodique, le nouveau propriétaire doit demander un agrément".
"Le propriétaire reste toujours la société El Khabar dont les actionnaires ont cédé une majorité des parts", s'est défendu M. Rebrab ajoutant que "ceux qui sont à la solde du pouvoir possèdent plusieurs journaux et télévisions sans le moindre problème".
La direction d'El Khabar avait déjà affirmé agir "en toute légalité" et dénoncé "l'acharnement" du gouvernement contre sa société.