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2966, tout le monde à l’école !

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2966, une année qui ne ressemble point aux autres. Elle ne ressemble ni à 2016 ni à 1434 ! Un autre compte.

À partir de cette année, les Algériens vont commencer à compter algérien ! Depuis l’indépendance, depuis plus d’un demi-siècle, ils nous ont appris, à l’école algérienne qui n’est pas algérienne, comment compter grégorien ou saoudien ! Jamais algérien ! Donc nous comptons au compte des autres, ceux d’Orient ou ceux de l’Occident !

À partir de cette année, les Algériens, tous les Algériens sans exception aucune, sont demandés à reprendre le chemin de l’école algérienne afin d’apprendre le calcul algérien. Calculer leurs jours. Leurs âges. Leurs tailles. Leur terre. Leurs côtes. Donner aux jours algériens leurs noms algériens. Donner aux oiseaux algériens leurs noms algériens. Donner à nos enfants leurs noms d’enfants algériens. Donner à la pluie son nom algérien afin qu’elle ne tarde à tomber ou ne se perde sur les chemins du ciel ! Donner au nuage son nom pour qu’il se métamorphose en pluie algérienne. La sécheresse nous menace parce que nous ne savons pas comment appeler un nuage en algérien ! Donner aux martyrs algériens leur nom algérien, leur rêve algérien !! Cinquante ans de retard, un peu plus. Mais pour un apprentissage algérien, rien n’est en retard ! Tout est récupérable.

À la rentrée scolaire prochaine, tout le monde doit prendre le chemin de l’école ! Cartable et cahier, une craie et un tableau ! Du Président au gardien du vignoble, tout le monde à l’école ! Après cinquante ans d’indépendance, tout le peuple se rend compte que tout le peuple est illettré, analphabète. Tout un peuple est égaré, dans la perdition scolaire !! Jamais vu dans l’Histoire humaine !
Notre peuple est érudit dans la construction de son Histoire glorieuse mais ignorant dans le calcul des jours de son Histoire, de ses saisons, de ses fêtes, de ses étoiles !
Depuis un demi-siècle, un peu plus, on parle les langues des autres. On mange les vivres des autres. On s’habille orientalement religieux. Même nos enfants, dans leur fête de circoncision, ils sont habillés en saoudien ou en Jordanien ! Nos pèlerins sont habillés en saoudiens. Nos jeunes en afghans. Nos femmes en turques ! Ils sont à l’heure de l’an 1465 ! Loin de 2966 ! À partir de cette année, après un demi-siècle, un peu plus d’inertie ou de cauchemar, les Algériens sortent du coma. Les Algériens et les Algériennes reprennent leur conscience, petit à petit, remontent leur chemin de réflexion. On commence à faire des exercices afin de compter, de remonter dans le compte jusqu’à Chachnaq, Kahina, Koceila, Yugurtha, Massinissa et Tarik Ibn Ziyad et les autres.

Pour la première fois, 2966, ce chiffre, il y a quelque temps, était un chiffre bizarre, oublié, sans signification, le revoilà confortablement installé dans un sens. Dans l’Histoire. Dans le compte algérien. Dans la mémoire réveillée.

Asegass Amegass, ces deux mots poétiques, il y a quelques jours sonnaient autrement, une musique avec des fausses notes. Aujourd’hui ils sont hautement chantés sur toutes les lèvres, dans toutes les bouches des Algériennes et des Algériens ou presque ! Un séisme frappe, il frappe fort tout les pays : le calcul, la langue… un grand réveil !

Pour la première fois on compte algérien ! Et c’est beau de compter algérien sur la terre algérienne pour enrichir et embellir la toile de la terre humaine ! Mais le chemin du compte qui monte, après l’adoption de la nouvelle Constitution, restera très long ! Très dur ! Mais très révélateur !

2966, tout le monde à l’école !


Par Amine Zaoui, parue sur Liberté

A. Z.
aminzaoui@yahoo.fr

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