«Salafistes», documentaire controversé sur l'islam radical qui montre notamment des images de propagande sans commentaire, est interdit aux moins de 18 ans, a annoncé mercredi la ministre de la Culture française, Fleur Pellerin.
"Compte tenu du parti pris de diffuser sans commentaires des scènes et des discours d'une extrême violence, j'ai décidé de suivre l'avis de la commission (de classification des oeuvres cinématographiques)", a indiqué la ministre dans un communiqué. Le film, programmé en salles ce mercredi, sera accompagné d'un avertissement.
Le documentaire Salafistes est finalement sorti en salles, mercredi 27 janvier, mais le ministère de la culture a décidé de l’interdire aux moins de 18 ans. Réalisé par le producteur François Margolin et le journaliste mauritanien Lemine Ould M. Salem, le film donne la parole à des responsables politiques d’Al-Qaida au Maghreb islamique et à des autorités religieuses salafistes difficiles d’accès, mêlant ces témoignages à des vidéos de propagande djihadiste insoutenables. Un documentaire qui pose question sur la représentation de la violence terroriste au cinéma.
L'idée, selon François Margolin, était de donner à entendre la « pensée posée, constituée », des Salafistes. Et de donner à voir la pratique. On découvre donc la vie quotidienne sous l'occupation, grâce à des images rares filmées à Tombouctou par Lemine Ould M. Salem. Le journaliste mauritanien suit une patrouille de la police islamique, qui traque les voiles indisciplinés. Et tout le reste, car la charia, d'une implacable précision, régit les moindres aspects de la vie courante. Le buveur d'alcool est puni de 40 coups de fouet, 80 s'il a des antécédents. Pour les relations sexuelles hors mariage, c'est la lapidation, remplacée, dans la grande mansuétude du législateur, par 100 coups de fouet pour le célibataire « qui n'a pas pu assouvir ses pulsions ». Le traitement infligé aux voleurs est connu. Quelques secondes, un peu floues, montrent un homme, ligoté à sa chaise, convulser avant de s'évanouir alors qu'on lui coupe la main, à Gao. À Tombouctou, un autre homme témoigne après son amputation, à l'hôpital. « Ils m'ont assuré qu'ils vont me prendre intégralement en charge, y compris les médicaments, jusqu'à ce que je sois rétabli », affirme-t-il, aussi hagard que soulagé que le pire soit derrière lui. À côté, le chef du groupe djihadiste Ansar Dine. « Il était sincère quand il disait qu'il était désolé de ne pas avoir pu le sauver. C'est comme un juge, en France, désolé d'envoyer un jeune en prison. Eux, ils sont en plus guidés par une obligation divine », expose Lemine Ould M. Salem. Il ajoute, en une phrase qui constitue l'une des leçons du film : « Ce sont des barbares honnêtes. »
"Compte tenu du parti pris de diffuser sans commentaires des scènes et des discours d'une extrême violence, j'ai décidé de suivre l'avis de la commission (de classification des oeuvres cinématographiques)", a indiqué la ministre dans un communiqué. Le film, programmé en salles ce mercredi, sera accompagné d'un avertissement.
Extrait du film
Le documentaire Salafistes est finalement sorti en salles, mercredi 27 janvier, mais le ministère de la culture a décidé de l’interdire aux moins de 18 ans. Réalisé par le producteur François Margolin et le journaliste mauritanien Lemine Ould M. Salem, le film donne la parole à des responsables politiques d’Al-Qaida au Maghreb islamique et à des autorités religieuses salafistes difficiles d’accès, mêlant ces témoignages à des vidéos de propagande djihadiste insoutenables. Un documentaire qui pose question sur la représentation de la violence terroriste au cinéma.
L'idée, selon François Margolin, était de donner à entendre la « pensée posée, constituée », des Salafistes. Et de donner à voir la pratique. On découvre donc la vie quotidienne sous l'occupation, grâce à des images rares filmées à Tombouctou par Lemine Ould M. Salem. Le journaliste mauritanien suit une patrouille de la police islamique, qui traque les voiles indisciplinés. Et tout le reste, car la charia, d'une implacable précision, régit les moindres aspects de la vie courante. Le buveur d'alcool est puni de 40 coups de fouet, 80 s'il a des antécédents. Pour les relations sexuelles hors mariage, c'est la lapidation, remplacée, dans la grande mansuétude du législateur, par 100 coups de fouet pour le célibataire « qui n'a pas pu assouvir ses pulsions ». Le traitement infligé aux voleurs est connu. Quelques secondes, un peu floues, montrent un homme, ligoté à sa chaise, convulser avant de s'évanouir alors qu'on lui coupe la main, à Gao. À Tombouctou, un autre homme témoigne après son amputation, à l'hôpital. « Ils m'ont assuré qu'ils vont me prendre intégralement en charge, y compris les médicaments, jusqu'à ce que je sois rétabli », affirme-t-il, aussi hagard que soulagé que le pire soit derrière lui. À côté, le chef du groupe djihadiste Ansar Dine. « Il était sincère quand il disait qu'il était désolé de ne pas avoir pu le sauver. C'est comme un juge, en France, désolé d'envoyer un jeune en prison. Eux, ils sont en plus guidés par une obligation divine », expose Lemine Ould M. Salem. Il ajoute, en une phrase qui constitue l'une des leçons du film : « Ce sont des barbares honnêtes. »