La mise sous embargo du patron des services du renseignement, présentée par certains analystes, comme l’effacement de celui-ci du pouvoir, présage-t-elle d’une suite dans le feuilleton règlement de comptes ou bien obéit-elle à une reconfiguration nécessaire pour une avancée de la démocratie ? Si oui, c’est de bon augure. Sinon, on peut se demander qui sera le suivant sur la liste des hommes forts à dégommer dans ce régime ? L’ancien chef du gouvernement, Mouloud Hamrouche, a déclaré «qu’il n’y a pas de conflit au sommet de l’Etat» et que «les arrangements et les réformes que connaissent certaines institutions sont tout à fait ordinaires et normaux». D’autres considèrent qu’il y a un réel «conflit au sommet de l’Etat» et dressent un constat alarmant de la situation nationale. Comment interpréter autrement les changements opérés au sein de l’armée et la restructuration du DRS, si ce n’est au travers d’une lutte pour la mainmise du pouvoir ?
Au-delà du refus de s’aligner sur tel ou tel segment des parties en conflit, il n’est pas inutile de se demander si la chausse-trape va s’arrêter là. Puisqu’en vérité, ce n’est pas la nature du régime, et encore moins son système de fonctionnement, qui est touché par cette lutte, mais plutôt la volonté de puissance d’un clan sur l’autre. Autrement dit, il faut croire qu’il y aura élimination d’autres figures éminentes du régime.
Mais est-ce bien de cela qu’il s’agit ? Qui paie l’orchestre choisit la musique. S’il existe une tentative réaliste de changer le système en place, est-il possible d’envisager que ce n’est là qu’un premier round qui s’achève et qu’il faille attendre d’autres chutes de «citadelles» pour faire avancer la démocratie ? Auquel cas, le prochain épisode sera, à coup sûr, orienté vers la mise au pas de quiconque se pensera homme fort de l’armée, capable de jouer, lui aussi, la partition du pouvoir. C’est souvent le cas dans les pays en développement. Sinon, quels compromis seront négociés face à la montée des périls : baisse des réserves de change, chute de la valeur du dinar et crise qui s’approfondit ?
On comprend ainsi que ces nombreux scénarii sur des dissensions apparentes ne cessent de laisser perplexes, tant il est connu que, depuis l’indépendance, les faiseurs de roi ont toujours agi de façon imprévisible, et, surtout, sont restés les mêmes. Alors ? Y a-t-il véritablement opposition entre le DRS et ce qu’il est convenu d’appeler le clan présidentiel ? S’il y a bien un message qui demeure clair, toutefois, c’est celui que nous administre l’histoire de ce pays. Celui qui vous aide à prendre le pouvoir, c’est celui-là qu’il faut éliminer une fois ce pouvoir entre vos mains. Dès lors, si le vice-ministre a servi la première vague de liquidation, à coup sûr et comme tous les vice-ministres, il peut être le prochain à figurer sur la liste des chausse-trapes.
C’est la logique de ce système de chaises musicales que pratique avec succès le régime. Par contre, si c’est la succession qui est en ligne de mire, alors il faut s’attendre à ce que celui qui n’a jamais accepté d’être un «trois-quarts président», fasse agir un deuxième dispositif de sorte que ceux qui s’imaginent pouvoir se doter d’un destin national soient écartés de la même manière qu’ils ont procédé pour écarter leurs rivaux. A ce train, le pays n’est pas sorti de l’ornière ; et les retours de manivelle atteignent toujours ceux qui les manœuvrent sans protection. Apporter inlassablement son soutien ne veut pas dire qu’on a prétention à la succession ! Tout front commun évolue au gré des rapports de force qui actionnent le système ainsi qu’au jeu des équilibres entre les différentes composantes de ce système. Quant à la démocratie, elle peut encore attendre…
Omar Benbekhti pour Impact24
Au-delà du refus de s’aligner sur tel ou tel segment des parties en conflit, il n’est pas inutile de se demander si la chausse-trape va s’arrêter là. Puisqu’en vérité, ce n’est pas la nature du régime, et encore moins son système de fonctionnement, qui est touché par cette lutte, mais plutôt la volonté de puissance d’un clan sur l’autre. Autrement dit, il faut croire qu’il y aura élimination d’autres figures éminentes du régime.
Mais est-ce bien de cela qu’il s’agit ? Qui paie l’orchestre choisit la musique. S’il existe une tentative réaliste de changer le système en place, est-il possible d’envisager que ce n’est là qu’un premier round qui s’achève et qu’il faille attendre d’autres chutes de «citadelles» pour faire avancer la démocratie ? Auquel cas, le prochain épisode sera, à coup sûr, orienté vers la mise au pas de quiconque se pensera homme fort de l’armée, capable de jouer, lui aussi, la partition du pouvoir. C’est souvent le cas dans les pays en développement. Sinon, quels compromis seront négociés face à la montée des périls : baisse des réserves de change, chute de la valeur du dinar et crise qui s’approfondit ?
On comprend ainsi que ces nombreux scénarii sur des dissensions apparentes ne cessent de laisser perplexes, tant il est connu que, depuis l’indépendance, les faiseurs de roi ont toujours agi de façon imprévisible, et, surtout, sont restés les mêmes. Alors ? Y a-t-il véritablement opposition entre le DRS et ce qu’il est convenu d’appeler le clan présidentiel ? S’il y a bien un message qui demeure clair, toutefois, c’est celui que nous administre l’histoire de ce pays. Celui qui vous aide à prendre le pouvoir, c’est celui-là qu’il faut éliminer une fois ce pouvoir entre vos mains. Dès lors, si le vice-ministre a servi la première vague de liquidation, à coup sûr et comme tous les vice-ministres, il peut être le prochain à figurer sur la liste des chausse-trapes.
C’est la logique de ce système de chaises musicales que pratique avec succès le régime. Par contre, si c’est la succession qui est en ligne de mire, alors il faut s’attendre à ce que celui qui n’a jamais accepté d’être un «trois-quarts président», fasse agir un deuxième dispositif de sorte que ceux qui s’imaginent pouvoir se doter d’un destin national soient écartés de la même manière qu’ils ont procédé pour écarter leurs rivaux. A ce train, le pays n’est pas sorti de l’ornière ; et les retours de manivelle atteignent toujours ceux qui les manœuvrent sans protection. Apporter inlassablement son soutien ne veut pas dire qu’on a prétention à la succession ! Tout front commun évolue au gré des rapports de force qui actionnent le système ainsi qu’au jeu des équilibres entre les différentes composantes de ce système. Quant à la démocratie, elle peut encore attendre…
Omar Benbekhti pour Impact24