Pour aider le président du Sénat français à préparer sa visite à Alger qui a débuté mardi dérnier, le ministère des Affaires étrangères français lui a concocté un recueil d'éléments de langage à dégainer face aux journalistes algériens. Savoureux.
Il s’agit de 12 pages serrées, sur format 21x29,7, à apprendre par cœur. Cette magnifique prose taillée dans une langue en bois d’arbre avec copeaux sera récitée tout au long de la visite officielle, prévue du 8 au 11 septembre. Rendons grâce aux rédacteurs de la note qui ont scrupuleusement listé tous les sujets épineux, et ils sont longs comme un jour sans pain. Passons sur les propos liminaires : «Je suis heureux d’être aujourd’hui en Algérie à l’invitation du président du Conseil de la nation [chambre haute, comme le Sénat, ndlr], ainsi que l’ensemble des autorités algériennes, que je remercie […] pour la chaleur de leur accueil». Soit le refrain habituel qui sert en toutes occasions et même par temps de pluie.
Après une longue respiration, et s’être épongé la nuque, le président Larcher devrait prononcer la phrase apprise par cœur, qui sortira avec l’adverbe «naturellement» à servir en toutes occasions : «La France n’a naturellement aucune intention d’interférer dans la vie politique de l’Algérie, ni dans le présent ni dans l’avenir. La volonté de la France est de continuer à travailler avec les autorités et le peuple algériens à l’approfondissement de la relation bilatérale et à construire un grand projet pour l’Algérie. La deuxième visite du président Hollande en l’espace de trente mois à montré l’attention et la priorité que la France attache à l’Algérie [...]. Pour mémoire, avec un baril à 44 dollars, les perspectives pour 2016 sont sombres : le dinar a perdu 35 % de sa valeur face au dollar, le risque de mécontentements sociaux est élevé et le pays pourrait perdre plus de 50 milliards d’épargne cette année.
Réponse de Larcher, qu'on imagine après un raclement de gorge : «Vous connaissez l’attachement de la France à la liberté d’expression et à la liberté de la presse, comme partout dans le monde. Cela étant, il ne me revient pas de faire acte d’ingérence dans les débats qui concernent l’Algérie et les Algériens.» Et hop, envoyez c’est pesé.
Tout y passe : les privilèges de Renault pour s’implanter à Oran, la mauvaise qualité supposée de la Symbol produite sur place qui serait aussi solide que la 2CV de Bourvil dans le Corniaud. L’ingérence de Total dans l’exploitation du gaz de schiste, les demandes d’indemnisation après les essais nucléaires dans le Sahara en 1960, les excuses toujours attendues au sujet du massacre de Sétif en 1945, la question de l’indemnisation des biens des pieds-noirs, l’amendement de l’accord de 1968 sur l’entrée des Algériens en France, la vente des Rafale au Qatar accusé de soutenir le terrorisme, etc.
Il s’agit de 12 pages serrées, sur format 21x29,7, à apprendre par cœur. Cette magnifique prose taillée dans une langue en bois d’arbre avec copeaux sera récitée tout au long de la visite officielle, prévue du 8 au 11 septembre. Rendons grâce aux rédacteurs de la note qui ont scrupuleusement listé tous les sujets épineux, et ils sont longs comme un jour sans pain. Passons sur les propos liminaires : «Je suis heureux d’être aujourd’hui en Algérie à l’invitation du président du Conseil de la nation [chambre haute, comme le Sénat, ndlr], ainsi que l’ensemble des autorités algériennes, que je remercie […] pour la chaleur de leur accueil». Soit le refrain habituel qui sert en toutes occasions et même par temps de pluie.
«La France n’a naturellement aucune intention d’interférer...»
Première question imaginée par le Quai d'Orsay : «Certains journaux ont dit que la visite de François Hollande le 15 juin dernier avait pour objectif d’apporter un soutien au président Bouteflika à un moment où l’inertie du système algérien, dirigé par un homme malade, fait face à de nombreuses critiques et où la chute des hydrocarbures met en difficulté le régime.» Les rédacteurs, emportés par une plume trempée dans l’acide, rajoutent une petite couche de vernis maritime : «D’autres lui ont prêté l’intention de désigner le prochain chef d’Etat algérien. Que répondez-vous?»Après une longue respiration, et s’être épongé la nuque, le président Larcher devrait prononcer la phrase apprise par cœur, qui sortira avec l’adverbe «naturellement» à servir en toutes occasions : «La France n’a naturellement aucune intention d’interférer dans la vie politique de l’Algérie, ni dans le présent ni dans l’avenir. La volonté de la France est de continuer à travailler avec les autorités et le peuple algériens à l’approfondissement de la relation bilatérale et à construire un grand projet pour l’Algérie. La deuxième visite du président Hollande en l’espace de trente mois à montré l’attention et la priorité que la France attache à l’Algérie [...]. Pour mémoire, avec un baril à 44 dollars, les perspectives pour 2016 sont sombres : le dinar a perdu 35 % de sa valeur face au dollar, le risque de mécontentements sociaux est élevé et le pays pourrait perdre plus de 50 milliards d’épargne cette année.
«Vous connaissez l’attachement de la France à la liberté d’expression...»
Autre question : «La liberté d’expression semble reculer, avec notamment les pressions exercées contre les médias depuis l’élection présidentielle, en particulier par la réduction de la publicité privée, des emprisonnements ( …), l’interdiction d’une émission sur Al Djazaïria». Et c’est là que ça se gâte méchamment : «Croyez-vous que le régime actuel puisse mener l’Algérie sur le chemin de la démocratisation?»Réponse de Larcher, qu'on imagine après un raclement de gorge : «Vous connaissez l’attachement de la France à la liberté d’expression et à la liberté de la presse, comme partout dans le monde. Cela étant, il ne me revient pas de faire acte d’ingérence dans les débats qui concernent l’Algérie et les Algériens.» Et hop, envoyez c’est pesé.
Tout y passe : les privilèges de Renault pour s’implanter à Oran, la mauvaise qualité supposée de la Symbol produite sur place qui serait aussi solide que la 2CV de Bourvil dans le Corniaud. L’ingérence de Total dans l’exploitation du gaz de schiste, les demandes d’indemnisation après les essais nucléaires dans le Sahara en 1960, les excuses toujours attendues au sujet du massacre de Sétif en 1945, la question de l’indemnisation des biens des pieds-noirs, l’amendement de l’accord de 1968 sur l’entrée des Algériens en France, la vente des Rafale au Qatar accusé de soutenir le terrorisme, etc.
Avec L'expression et agences