Liberté
Les six spéléologues locaux, qui ont enfin découvert la grotte d’Ali-Bacha, sont émus aux larmes. Ils ont pu localiser la ferme d’Ali-Bacha sur laquelle des recherches ont été entamées depuis plus d’un siècle. Ils se sont empressés de l’annoncer non pas pour prétendre à une notoriété, mais pour préserver et protéger le site menacé par le béton et aussi pour le classer au patrimoine national et universel. Et pour cause ! Le béton a déjà eu raison d’une bonne partie du plus important site archéologique en Afrique du Nord, voire dans tout le bassin méditerranéen. La cavité est devenue un vrai dépotoir, rempli de détritus et un réceptacle des eaux usées.Les spéléologues locaux, Ouazib H., Khelladi A., Benalouache Y., Boukala A., Zerkane I. et le Dr Bekli M. R., s’étaient fixé, il y a un mois, l’objectif de localiser le lieu de cette cavité. Au départ, ils ont commencé à explorer la région comprise entre Msid L’bab et Dar Nacer. Dans une seconde phase, ils ont exploré, en vain, tous les massifs voisins.
Ils ont alors changé de stratégie de recherche et décidé de vérifier tous les indices publiés par Debruge, un membre de l’Association française pour l’avancement des sciences et de la Société archéologique de Constantine, dans son article La station quaternaire Ali-Bacha à Bougie. Nous sommes alors au début du siècle dernier.
La piste de Debruge s’est révélée concluante. Explication : “Après une enquête fastidieuse, et en cherchant là où les autres ont échoué — d’autres chercheurs et spéléologues de la région y travaillent toujours —, nous avons enfin localisé le site archéologique sur le versant méridional du mont Gouraya. La cavité voit le jour une nouvelle fois.” Le plateau d’Ali-Bacha est situé au sud-ouest de la forêt de Tala N’Thziouine de Sidi Ahmed, indique-t-on. Et la grotte se trouve non loin de la polyclinique, à gauche du sens unique qui mène à Dar Nacer, à 15 m, sur la rive droite de la rivière Bir el-Qanun. Avec cette découverte, Bougie, la ville lumière et capitale d’une région millénaire, a servi d’abri aux hommes depuis des milliers d’années. En effet, Debruge en 1902 et 1906, et plus-tard en 1927, avec la collaboration d’une équipe américaine, réalise des fouilles très fructueuses au voisinage du plateau de la Ferme Ali-Bacha, et dans une cavité située à proximité de cette dernière, il a découvert le gisement archéologique le plus important de la région. Sur ce site, Debruge a identifié deux niveaux distincts datant du néolithique et du moustérien (période comprise entre 300 000 à 30 000 années), d’où l’importance du site. Les trouvailles semblent actuellement être conservées au musée du Bordj Moussa. Il est intéressant également de savoir que Debruge avait identifié une petite installation métallurgique, mais de période incertaine, expliquera-t-on. Malheureusement, le lieu de cette importante cavité et de tout le site archéologique en question n’avait pas été localisé. Les spéléologues espèrent que les archéologues prendront désormais le relais.
M. O
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