La harga continue. A Sidi Salem, Ras El-Hamra, Oued Boukrat, à Cap Rosa, les barques clandestines pleines à craquer de jeunes harraga prennent, presque au quotidien, le large vers les côtes italiennes.
Ci-dessous une vidéo d'un jeune migrant clandestin qui raconte ses aventures sur Youtube qui serait selon des médias algériens aux frontières bulgares. Le jeune se dit poursuit par la police et demande aux gens de lui souhaiter une bonne chance.
Rien que durant le premier semestre (de janvier à début juillet), plus de 300 candidats à l’émigration clandestine ont été arrêtés et ramenés sur la terre ferme avant d’être présentés à la justice. Sans compter le nombre des harraga qui ont réussi la traversée.
Cette recrudescence des tentatives d’émigration est sans précédent, et le phénomène tend à se multiplier. Il n’est pas à écarter que pendant la période estivale, il y aura de véritables boat people qui prendront d’assaut les côtes sud de l’Europe, principalement la péninsule italienne.
Ce sont surtout les jeunes qui prennent la mer sans se soucier des risques ; on s’embarque et on espère rejoindre la Sardaigne en quelques heures, mais la plupart du temps l’aventure tourne au drame. On récidive pourtant et on est encore plus déterminé qu’avant, parce qu’on aura acquis « l’expérience » nécessaire pour réussir.
« On ne devient pas harrag du jour au lendemain, nous confie Hamdi, un jeune universitaire de 28 ans rencontré à la cité Seybouse ; c’est un long cheminement de plusieurs années de chômage et de misères.
Des dossiers déposés dans presque toutes les administrations et entreprises, on se déplace chaque jour à la recherche d’un travail, on rentre bredouille pour revenir à la charge le lendemain avec beaucoup d’espoir. Cela dure un certain temps, puis on se rend compte de la réalité ; c’est le désenchantement et on s’aperçoit qu’on a perdu son temps à attendre quelque chose qui ne viendra jamais.
L’idée de tenter l’aventure pour aller de l’autre côté de la Méditerranée vous vient tout naturellement ; les embarcations sont là, les passeurs, on les connaît et il ne reste plus qu’à réunir la somme pour les payer (…) Rien ne retient les jeunes chômeurs ; ici au pays, pas de travail, aucun débouché, aucun espoir de réussir sa vie, rien… C’est notre pays, nous y avons nos familles, nos ancêtres y sont enterrés, mais nous ne sommes plus chez nous et nous ne pouvons plus rester à regarder notre jeunesse passer. »
Désignant le large, il nous lance avec une pointe de défi : « Notre eldorado est là-bas, de l’autre côté, c’est l’avenir, on peut tout réussir dans ces pays ; si on reste ici on sera fini à 30 ans. » A quelques mètres de là, d’autres jeunes attablés dans un café discutent ; ils parlent de leurs copains passés en Italie, il y a quelques jours « Azzou est déjà installé en Sicile, il a téléphoné à ses parents et a dit qu’il se portait bien. Il travaille comme manœuvre dans un chantier avec un entrepreneur », dit l’un d’entre eux.
« Le groupe de Zargou, qui a pris la mer l’autre jour à minuit, a été arrêté au large de Ras El Hamra, reprend un autre, le groupe a été présenté au juge puis relâché, mais Zargou est en train de se préparer à retenter le coup et il dit que cette fois-ci sera la bonne. » « On ne le voit plus depuis une semaine, poursuit un autre, peut-être qu’il est déjà parti. »
Dans les milieux jeunes de cette petite localité, on ne parle que de harga, d’embarcations, de moteurs Suzuki, d’outils de navigation, de passeurs, de préparation, de garde-côtes, de la Sardaigne, de l’Italie et de la réussite de certains de l’autre côté. On évoque rarement les disparus en mer ou ceux arrêtés par les garde-côtes italiens et « parqués » dans des centres de transit avant d’être remis aux autorités algériennes.
On dirait que l’espoir de réussite est entretenu à dessein pour pousser les jeunes à braver la mer et à affronter tous les dangers ; il faut dire qu’une petite industrie de la harga a vu le jour à Annaba. Des ateliers clandestins de fabrication de ces barques de la mort ont proliféré ces derniers temps dans les petites localités côtières.
On construit et on équipe une embarcation sur commande, ensuite c’est au tour des passeurs de prendre le relais ; ils ont leurs propres contacts pour faire circuler l’information sur un départ imminent ; les candidats à l’émigration clandestine se manifestent. Des rendez-vous sont pris pour le paiement qui oscille entre 60 000 et 120 000 DA, et l’heure de l’embarquement est fixée.
Le téléphone portable a facilité les contacts, un simple SMS envoyé et l’information parvient à tous ceux intéressés.
Ci-dessous une vidéo d'un jeune migrant clandestin qui raconte ses aventures sur Youtube qui serait selon des médias algériens aux frontières bulgares. Le jeune se dit poursuit par la police et demande aux gens de lui souhaiter une bonne chance.
Le phénomène prend de l'ampleur
Rien que durant le premier semestre (de janvier à début juillet), plus de 300 candidats à l’émigration clandestine ont été arrêtés et ramenés sur la terre ferme avant d’être présentés à la justice. Sans compter le nombre des harraga qui ont réussi la traversée.
Cette recrudescence des tentatives d’émigration est sans précédent, et le phénomène tend à se multiplier. Il n’est pas à écarter que pendant la période estivale, il y aura de véritables boat people qui prendront d’assaut les côtes sud de l’Europe, principalement la péninsule italienne.
Ce sont surtout les jeunes qui prennent la mer sans se soucier des risques ; on s’embarque et on espère rejoindre la Sardaigne en quelques heures, mais la plupart du temps l’aventure tourne au drame. On récidive pourtant et on est encore plus déterminé qu’avant, parce qu’on aura acquis « l’expérience » nécessaire pour réussir.
« Notre eldorado est là-bas, de l’autre côté… »
« On ne devient pas harrag du jour au lendemain, nous confie Hamdi, un jeune universitaire de 28 ans rencontré à la cité Seybouse ; c’est un long cheminement de plusieurs années de chômage et de misères.
Des dossiers déposés dans presque toutes les administrations et entreprises, on se déplace chaque jour à la recherche d’un travail, on rentre bredouille pour revenir à la charge le lendemain avec beaucoup d’espoir. Cela dure un certain temps, puis on se rend compte de la réalité ; c’est le désenchantement et on s’aperçoit qu’on a perdu son temps à attendre quelque chose qui ne viendra jamais.
L’idée de tenter l’aventure pour aller de l’autre côté de la Méditerranée vous vient tout naturellement ; les embarcations sont là, les passeurs, on les connaît et il ne reste plus qu’à réunir la somme pour les payer (…) Rien ne retient les jeunes chômeurs ; ici au pays, pas de travail, aucun débouché, aucun espoir de réussir sa vie, rien… C’est notre pays, nous y avons nos familles, nos ancêtres y sont enterrés, mais nous ne sommes plus chez nous et nous ne pouvons plus rester à regarder notre jeunesse passer. »
Désignant le large, il nous lance avec une pointe de défi : « Notre eldorado est là-bas, de l’autre côté, c’est l’avenir, on peut tout réussir dans ces pays ; si on reste ici on sera fini à 30 ans. » A quelques mètres de là, d’autres jeunes attablés dans un café discutent ; ils parlent de leurs copains passés en Italie, il y a quelques jours « Azzou est déjà installé en Sicile, il a téléphoné à ses parents et a dit qu’il se portait bien. Il travaille comme manœuvre dans un chantier avec un entrepreneur », dit l’un d’entre eux.
« Le groupe de Zargou, qui a pris la mer l’autre jour à minuit, a été arrêté au large de Ras El Hamra, reprend un autre, le groupe a été présenté au juge puis relâché, mais Zargou est en train de se préparer à retenter le coup et il dit que cette fois-ci sera la bonne. » « On ne le voit plus depuis une semaine, poursuit un autre, peut-être qu’il est déjà parti. »
Dans les milieux jeunes de cette petite localité, on ne parle que de harga, d’embarcations, de moteurs Suzuki, d’outils de navigation, de passeurs, de préparation, de garde-côtes, de la Sardaigne, de l’Italie et de la réussite de certains de l’autre côté. On évoque rarement les disparus en mer ou ceux arrêtés par les garde-côtes italiens et « parqués » dans des centres de transit avant d’être remis aux autorités algériennes.
On dirait que l’espoir de réussite est entretenu à dessein pour pousser les jeunes à braver la mer et à affronter tous les dangers ; il faut dire qu’une petite industrie de la harga a vu le jour à Annaba. Des ateliers clandestins de fabrication de ces barques de la mort ont proliféré ces derniers temps dans les petites localités côtières.
On construit et on équipe une embarcation sur commande, ensuite c’est au tour des passeurs de prendre le relais ; ils ont leurs propres contacts pour faire circuler l’information sur un départ imminent ; les candidats à l’émigration clandestine se manifestent. Des rendez-vous sont pris pour le paiement qui oscille entre 60 000 et 120 000 DA, et l’heure de l’embarquement est fixée.
Le téléphone portable a facilité les contacts, un simple SMS envoyé et l’information parvient à tous ceux intéressés.
Avec LJI